En marge des fabriques

au Creux de l'Enfer

du 19 mars
au 25 septembre 2022

Organisée en deux lieux, au Creux de l'Enfer à Thiers et au musée d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne, l’exposition En marge des fabriques tisse des liens singuliers entre des objets industriels ou artisanaux et un choix d’œuvres contemporaines, selon une approche dépassant la lecture fonctionnelle et utilitaire habituellement attribuée aux collections du musée. Pour la plupart témoins de l’essor de la période industrielle, les objets conservés au musée incarnent l’avènement du geste moderne libéré de la production artisanale et localisée. Ainsi, les collections de rubans, d’armes et de bicyclettes dessinent des univers antagonistes et révèlent une certaine identité de la femme et de l’homme modernes en mutation. Les œuvres sélectionnées par Sophie Auger-Grappin, directrice du Creux de l’enfer, s’articulent à des groupes d’objets choisis pour leurs spécificités, leurs fonctions ou leurs symboliques. Ils ouvrent alors de nouvelles voies d’interprétations, racontent des histoires parallèles aux objets et tissent des liens inattendus avec d’autres champs de pratiques. Autant de perspectives d’exploration et d’expérimentations qu’ils initient avec sagacité sur le parcours des collections à Saint-Etienne et au Creux de l’enfer à Thiers. Prenant comme point de réflexion l’édition 2022 de la Biennale Internationale de Design de Saint-Etienne intitulée « Bifurcations », cette exposition propose une nouvelle expérience du musée à partir des champs de recherches explorés par les artistes.

En marge des fabriques

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à Thiers et à Saint-Etienne

Au Creux de l’enfer, sur le site de l’usine du May à Thiers, quatre œuvres se positionnent en écho aux collections du Musée d’Art et d’Industrie.

Tout d’abord, l’œuvre Galileo Galilei de Vladimir Skoda s’inscrit en écho à l’œuvre Deux Points présentée au musée. Telle une cible visuelle cinétique, elle crée les conditions d’une attraction visuelle irrésistible sur le visiteur, qui est paradoxalement gêné par les mouvements d’apparition de la sphère dans le miroir convexe et contraint de s’échapper du champ du reflet.

La pièce O trono da Alvorada de Gonçalo Mabunda est empruntée aux collections du Musée d’Art et d’Industrie nouvellement constituées autour d’œuvres contemporaines portant un regard sur la place de l’arme dans la société. Elle représente un trône réalisé à partir de l’assemblage d’armes collectées dans les villages du Mozambique après la guerre civile qui a ravagé le pays pendant 16 ans. L’artiste Mabunda a ainsi composé des masques et des trônes à l’images de figures littéraires et artistiques déjouant le rôle de l’arme et moquant ainsi les représentations traditionnelles du pouvoir.

En relation aux collections de rubans, l’artiste stéphanoise Jeanne Goutelle dispose au sol une petite série de tapis Knit Knot. Ces œuvres textiles sont créées à partir de chutes de production issues des industries textiles de la région de Saint-Étienne, où Jeanne Goutelle travaille depuis 2017. Elles sont crochetées à la main avec des centaines de mètres de lacet et dessinent les contours géographiques d’une terre à parcourir. Ils s’inspirent aussi de la diversité des couleurs et des matériaux que l’artiste collecte régulièrement dans les entreprises locales.

Prenant comme point d’appui le cycle, Maxime Sanchez utilise les procédés de customisations DIY (Do it yourself) pour concevoir une œuvre hybride et critique de l’industrie de Manufrance. L’entreprise est mise en liquidation judicaire en 1979, année de la création des vélos d’appartement dont il choisit d’hydrographier des carters de protection des machines avec des images de pédaliers traditionnels de vélos. Ces objets sont alors positionnés sur des grandes plaques de contreplaqué de coffrage gravés de la façade emblématique du bâtiment historique de Manufrance.

L’exposition En marge des fabriques est organisée en collaboration avec le musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne et la ville de Saint-Etienne dans le cadre de la Biennale Design 2022.

 

Commissariat : Sophie Auger-Grappin