Penser comme une montagne

au Creux de l'Enfer et au Château de Goutelas

du 07 avril
au 17 septembre 2023

Trop longtemps, L’Homme s’est cru maître et possesseur d’une nature perçue tel un décor inerte ou un gisement à exploiter. C’est pourquoi nous assistons, à l’heure actuelle, à un effondrement massif de la biosphère et aux « colères de la Terre ».

Camille de Toledo, Une histoire du Vertige, édition Verdier, 2023.

Écouter les voix imperceptibles du vivant souterrain, déguster les fleurs et les légumes grimpants d’un potager sculptural autonome, mesurer la vulnérabilité d’une tige de jonc tressée autour d’une pierre, se perdre dans le regard abasourdi d’un saumon sauvage sacrifié pour la survie de son espèce, se pencher sur la richesse organique, scientifique et gustative des champignons, s’imprégner de la puissance cosmogonique d’une peinture faite de pigments fossiles et d’eau de mer, s’ouvrir à d’autres formes de savoirs tels que l’ethnobotanique, le chamanisme, réinventer nos vies en local…

Du centre d’art contemporain du Creux de l’Enfer au centre culturel de rencontre du Château de Goutelas, une pensée a convergé vers l’idée de mettre en valeur les œuvres et les pratiques artistiques inventant de nouvelles connexions avec l’environnement naturel et ceux qui le peuplent. L’exposition Penser comme une montagne se déploie sur deux lieux du territoire rural et forestier du Livradois-Forez, entre Thiers (63) et Marcoux (42). Elle réunit un large corpus d’œuvres émanant de différentes pratiques, de gestes, d’investigations et d’expériences. Elle propose autant de pistes d’appropriations pour penser notre monde autrement et rétablir cette relation d’intelligence nécessaire entre l’homme et les autres formes du vivant.

L’expression « penser comme une montagne » est empruntée au fondateur de l’éthique environnementale Aldo Leopold dans Almanach d’un comté des sables. Publié pour la première fois en 1949, il deviendra un classique des essais de nature. L’expression est citée à nouveau par l’auteur Jean-Philippe Pierron en 2022 dans son livre Je est un nous, qui aborde la crise de nos liens avec la nature et raconte comment la rencontre d’un animal, d’un arbre, d’une rivière, a pu être le catalyseur de l’engagement de penseurs ou de philosophes, comme si une brèche poétique et sensible s’était ouverte à eux, déclenchant une nouvelle manière de penser, d’agir et de se sentir dans le monde et mettant à jour la dimension écobiographique de leur vie.

De la même façon et en particulier par leur appréhension sensible et poétique du monde, nombreux sont les artistes qui aujourd’hui établissent par leur œuvre un lien approfondi avec le vivant et la terre, définissant ainsi leurs propres langages dans une dynamique active, créative et expérimentale avec le végétal, l’animal, les matières. Par leurs démarches, ils nous rappellent à notre position de maillon au sein d’une chaîne faite d’interdépendances, en franchissant des chemins de compréhension inédits du monde.

Structures culturelles implantées sur des territoires ruraux, le Creux de l’Enfer et le Château de Goutelas travaillent étroitement avec les artistes invités pour des temps de recherche et de création sur site. Ils développent des programmes qui s’appréhendent comme autant de façons de produire une intelligence sensible du monde.

Sophie Auger-Grappin, commissaire de l'exposition.

 

Penser comme une montagne

lire le média

Exposition collective

Artistes au Creux de l'Enfer : Marinette Cueco, Léa Devenelle, Bastien Mignot, Minot-Gormezano, Astrid Nobel, Marie Preston, Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar.


Artistes au Château de Goutelas : Karine Bonneval, Marinette Cueco, Laurie Dall’Ava, Sarah Laaroussi, Jean-Baptiste Perret, Marjolaine Turpin.

L’exposition Penser comme une montagne est une exposition collective en partenariat avec le Château de Goutelas, centre culturel de rencontre et en deux lieux. Les œuvres de Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, Marie Preston et Minot-Gormezano ont été prêtées par l’Institut d’art contemporain Villeurbanne/Rhônes-Alpes (IAC). L'œuvre d'Astrid Nobel a été soutenue par l'Ambassade du Royaume des Pays-Bas en France. Les trois films de Jean-Baptiste Perret ont été produits par La Société des Apaches, avec le soutien de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, des Ateliers Médicis, de Art of Change 21, du Conservatoire national du saumon sauvage, de l’Association Loire Grands Migrateurs et de l’Observatoire des poissons migrateurs de la ville de Vichy. Jean-Baptiste Perret est représenté par la galerie Salle Principale. L’œuvre Écouter la terre de Karine Bonneval a été réalisée avec le soutien de la DRAC Centre Val de Loire, la Diagonale Paris Saclay, Micro Onde centre d’art. L'adaptation de l'œuvre Pleurotus cornucopiae de Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar et la mise en culture des pleurotes ont été rendues possibles grâce à l'aide et à l'expertise d'Antoine Benoît à la Guillaume de la Ferme Kinoko à Viscomtat. Les performances de Bastien Mignot ont été co-produites par Le Creux de l'Enfer et la Villa du Parc, centre d'art contemporain d'intérêt national à Annemasse.