Camille Grosperrin

chez Cannes Fayet

Art-entreprise

de octobre 2021
à octobre 2022

Camille Grosperrin est une artiste plasticienne qui s’établit dorénavant dans le territoire de la Haute-Loire. Depuis quelques années, elle élabore une façon de travailler qui consiste en une multitude d’allers-retours entre la céramique, le dessin et la vidéo. Ces sauts d’une discipline à une autre peuvent-être visibles ou non dans son travail fini, mais lui sont toujours nécessaires. Avec une approche qui provient du modelage, elle fait naître des formes petit à petit, par touche, en manipulant la matière autant que possible pour en faire émerger des enjeux narratifs. Camille Grosperrin se nourrit aussi des histoires qu’elle collecte, d’anecdotes et de mythes qui constituent le point de départ de son travail de création. L’omniprésence de la figure animale est une caractéristique qui lui est propre. Elle se concentre souvent sur les relations qui se tissent entre l’humain et l’animal. L’animal est pour elle à la fois le miroir qui lui permet de porter un regard sur notre façon d’être au monde, et l’élément passerelle qui nous fait basculer dans le merveilleux, rejoignant souvent les grandes figures du conte.

En septembre 2021, l’artiste a commencé une résidence dans l’entreprise Cannes Fayet à Orléat. L’entreprise produit des cannes depuis 1909, et est actuellement la dernière fabrique de cannes en France. Leur savoir-faire est proche de celui de l’ébénisterie, auquel s’ajoutent les compétences et techniques particulières liées aux autres matériaux utilisés (corne, os, métal, etc.). L’entreprise produit également des bâtons de combat calibrés pour la pratique sportive et des parapluies de luxe, faisant appel aux mêmes compétences de courbage, tournage et finition que les cannes.

Teaser de l'exposition

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au Creux de l'Enfer

Camille Grosperrin a été sensible au contexte d’une entreprise familiale fragilisée par la crise pandémique, et dont le rythme ralenti lui permet une expérience unique dans le rapport privilégié entretenu avec le lieu et les artisans.

L’artiste a aussi été touchée par le délaissement de certains savoir-faire et matériaux qui possèdent pourtant un grand intérêt hors d’un contexte de production standardisé. Camille Grosperrin souhaite notamment travailler avec les chutes de cornes et d’os mais aussi utiliser des outils oubliés comme un copieur à bois ou une mini-fonderie.

Tout comme l’univers de l’entreprise Cannes Fayet et comme la tradition de la canne en général, le travail de Camille Grosperrin est très marqué par la figure animale, notamment celle du chien, qui est également l’animal le plus représenté sur les pommeaux au fil des âges.

Ainsi l’artiste tentera de se détacher de la canne en tant qu’objet pour créer des sculptures à partir de techniques d’assemblage. Le projet est d’apporter à cette série d’objets une portée narrative où les tiges des cannes s’assemblent entre elles pour devenir des constructions, des micro-lieux, mais aussi des chimères, des personnages, qui construisent ensemble une mythologie de l’entreprise et de ses occupants, dans le temps étiré et l’atmosphère de fragilité dans lesquels s’est impliquée l’artiste. Il s’agit donc pour l’artiste de créer de nouvelles formes plastiques en dialogue avec les artisans de Cannes Fayet, qui la guident dans les diverses possibilités de la matière, à partir de ses dessins.

La résidence Art Entreprise est un dispositif du ministère de la culture soutenu par le réseau Entreprendre.