Nicolas Deshayes

Depuis quinze ans, Nicolas Deshayes s’applique à corrompre les moyens de production industriels en introduisant des techniques artisanales et des réactions chimiques qui rendent chacune de ses œuvres uniques. Les sculptures de Nicolas Deshayes affectionnent les expérimentations sur les matières, en particulier lorsque celles-ci proviennent de mondes étrangers à l’art. Il a pu ainsi expérimenter des techniques de fonderies, de thermoformages, d’émaillage en Angleterre et récemment il a produit une série d’œuvres issues de la céramique sanitaire coulée, en Italie.

De 2019 à 2021, Nicolas Deshayes a mené un projet de résidence de recherche en France, dans l’entreprise Cartolux, Top Clean Packaging à Peschadoires, commune près de Thiers dans le Puy-de-Dôme. Spécialisée dans plusieurs usines de production de transformation des plastiques, l’entreprise intervient à toutes les étapes de réalisation : de la matrice mécanique à la production en série thermoformée. Beaucoup de ces réalisations plastiques sont destinés à la filière médicale.

Son immersion sur le territoire de Thiers et au Creux de l’Enfer l’a conduit à s’intéresser aux métiers du métal étroitement liés à la plasturgie : la production mécanique des moules, dont il apprécie la complicité mécanique et l’esthétique rutilante, les techniques de fonderie et en particulier du bronze avec la fonderie Fusion de Riom.

La résidence s’est déroulée sur toutes les périodes du confinement ce qui a généré des adaptations dans l’organisation du travail. A cette période, le prototypage d’aiguilles en 3D a pu se conduire à distance. Il a précédé la réalisation d’une nouvelle série de bronzes. Tranches de peaux, prises d’un point de vue rapproché, les surfaces lisses ou en relief, plissées, trouées, parfois parsemées d’un système pileux, échafaudent d’étranges paysages épidermiques suggérant la chair dans de multiples états. Dans ce contexte collaboratif, une série de 14 bronzes ont ainsi vu le jour.

Parallèlement, l’artiste a expérimenté de nouveaux tableaux en relief thermoformés, mis en regard des fontaines en fonte d’aluminium à la même écriture organique. Utilisant de la mousse expansée pour sa matière gonflée et incontrôlable qui évoque les pâtisseries exubérantes ou la junkfood, Nicolas Deshayes s’est plu à dessiner librement avec cette matière autant séduisante que répugnante.

Des gourmandises, des motifs décoratifs assumés pour leurs ridicules mièvreries formelles sont encapsulés dans une couche de plastique thermoformée, elles-mêmes serrées entre les plaques d’un solide cadre d’aluminium façonné sur mesure. Contraste de formes, de poids, de matières et de traitement, cette nouvelle série s’oppose au rendu très maîtrisé des bronzes et laisse s’exprimer la joie spontanée et légère d’un désir créatif vibrant.