Lieux

L’usine du Creux de l’Enfer

Sur le site emblématique et saisissant de la vallée des usines de Thiers, l’ancienne usine de coutellerie du Creux de l’Enfer est une construction industrielle du 19e siècle répartie sur quatre niveaux d’environ 600 m2. Elle se dresse sur son rocher au-dessus du torrent, où cohabitent le murmure des légendes anciennes et le bruit des marteaux-pilons. C’est un lieu palimpseste de trois siècles de constructions dont il reste de nombreuses traces des modifications successives, il est apprécié autant par les artistes que par les touristes. Ses caractéristiques architecturales en font un bâtiment atypique: de larges baies vitrées, de grandes poulies suspendues au rez-de-chaussée et, à tous les niveaux, la présence de la roche sur laquelle il s’accroche littéralement. A l’opposé du white cube, ce bâtiment a la vocation d’inviter des plasticiens à développer un travail en relation avec le site.

Le Creux de l’Enfer restauré : entre patrimoine et création contemporaine

Après trois années de fermeture au public, cette usine a rouvert ses portes au mois de juin 2025, avec une façade restaurée, retrouvant son enseigne et sa figure de diable. Grâce à sa connexion à l’usine du May par un passage couvert, un tout nouveau parcours de visite est instauré, avec de nouveaux espaces accessibles au public et une surface d’exposition de près de 1000 m². La maîtrise d’oeuvre a été assurée par l’agence Fabre/Speller — déjà à l’origine de la transformation du Creux de l’Enfer en 1988 — et s’est enrichie de la collaboration avec l’architecte-ingénieur Alexandre Bagros-Murat et le designer Olivier Vadrot pour le mobilier et l’aménagement intérieur.

Des espaces d’exposition baignés de lumière

L’espace d’exposition au rez-de-chaussée dispose d’une surface totale de 200 m², qui se distingue par les traces des anciens usages du bâtiment : larges baies, piliers métalliques, traces d’anciennes machineries et d'anciens bâtis contre la paroi rocheuse apparente.

Au premier étage, un second espace d'exposition de 220 m² vient compléter le premier. Lumineux et largement ouvert sur l’extérieur, il se prête particulièrement aux volumes, petits ou grands. Il est complété par une salle d'exposition à flanc de rocher de 19m², surnommée "la grotte".

La salle basse : un nouvel espace d'exposition au plus proche de la rivière

Cet espace brut et sombre est dédié aux expositions ainsi qu’à l’accès aux sanitaires adaptés aux personnes à mobilité réduite. Faite de murs épais et de passages voûtés laissés bruts, la salle basse se prête à la présentation de vidéos ou de pièces intimistes, autant qu’à une approche patrimoniale des lieux.

La salle vidéo

Espace feutré dédié à la projection de vidéos dans des conditions d’écoute optimale, la salle vidéo présente au public des projections de vidéos de making-of des expositions conçues au fil des temps de création (résidences, montages d’exposition), associées à la voix-off de l’artiste et/ou du commissaire de l’exposition. Ces vidéos de quelques minutes constituent des supports de médiation pour saisir la dimension de recherche qui anime l’artiste et comprendre le rôle essentiel joué par l’équipe dans l’accompagnement des projets. Elle est aménagée d’un grand banc d’accueil de bois dessiné par Olivier Vadrot.

La petite fabrique : un nouvel espace dédié à la médiation

En surplomb de la grande salle de l’étage, la mezzanine accueille la petite fabrique, une salle de médiation aménagée de tables dessinées par Olivier Vadrot qui permet de proposer des activités fréquentes et diversifiées avec accès à un point d’eau. S’y déroulent des ateliers destinés au public individuel sur inscription, mais aussi les ateliers avec les groupes d’enfants et d’adultes, en complément de la visite des expositions.

Le belvédère et le passage couvert vers l'usine du May

Particulièrement apprécié par le public en tant que lieu de contemplation qui domine la vallée des usines, le toit-terrasse a été sécurisé et aménagé afin de le recevoir à nouveau. Des rassemblements peuvent ainsi être envisagés à l’occasion de vernissages, inaugurations ou autres moments festifs. Le belvédère est aménagé de trois modules de tables ombragées dessinées par Olivier Vadrot, qui offrent aux beaux jours une pause au soleil, face à une vue incontournable.

La terrasse de l’usine du Creux de l’Enfer est prolongée par un édicule et un passage couverts, enjambant le chemin des rochers, que le visiteur traverse pour circuler vers l’usine du May.

L’usine du May

Édifiée dans les années 1890 par l’entreprise de coutellerie Grange-Lepage, cette usine de près de 1000 m² s’étend sur 4 niveaux. Ses encadrements de fenêtres et son toit-terrasse ornés de briques rouges et de pierre de Volvic prouvent le soin apporté à son architecture. Les quatre niveaux que compte le bâtiment sont desservis par un élégant escalier intérieur au centre duquel se trouvait un monte-charge directement actionné par la turbine hydraulique. Ces choix architecturaux et techniques inhabituels à Thiers sont spécifiques d’un courant parisien moderne pour l’époque. Le toit-terrasse remarquable de cette usine est le premier de ce type à avoir été installé dans la vallée.

Mitoyenne du Creux de l’Enfer, l’usine du May est investie par le centre d’art contemporain depuis 2021. Le mobilier y a été réalisé sur-mesure par Christophe Dubois.

Des espace d'exposition complémentaires

Du côté de l'usine du May, deux étages sont consacrés aux expositions.

A l'étage, un espace de 180 m2 réparti sur trois salles est aménagé de cimaises et permet de grandes surfaces d’accrochage, en complément des salles du bâtiment du Creux de l’Enfer. Au rez-de-chaussée, un espace d’exposition de 115 m2 offre une salle libre équipée d’une cimaise.

Le shop

Le shop constitue la dernière étape de visite. Il permet de repartir avec un souvenir du lieu et de ses expositions (cartes postales, livres, goodies…) ou encore avec des objets ou produits artisanaux locaux, présentés au sein d’un mobilier élaboré par le designer Christophe Dubois. Dissocié du reste du centre d’art, il reste accessible du côté de l’entrée de l’usine du May, indépendamment de la visite des expositions.

D'autres espaces de travail et de recherche

L’usine du May accueille également un atelier au sous-sol, ainsi qu'une salle de conférence et de documentation et les bureaux administratifs du centre d’art au deuxième étage.

EX SITU

EX SITU est un parcours de sculptures en extérieur, accessible aux alentours du Creux de l’Enfer, dont font partie les emblématiques passerelles et le Pont de l'Epée de l'artiste canadien George Trakas. Ces oeuvres réalisées dans les années 1980-1990 ont inauguré une longue série d’interventions artistiques au coeur de ce site naturel puissant, comme celles des artistes Olivier Agid, Eric Bécavin, Michelangelo Pistoletto et Yves Guérin. Cet ensemble est remis en avant à l’occasion de l’achèvement de la restauration de l’oeuvre de George Trakas en 2025.

En parallèle, une nouvelle sculpture de Caroline Mesquita a été inaugurée sur le toit-terrasse de l’usine du Creux de l’Enfer, tandis que l’artiste Vladimir Skoda propose une installation optique et lumineuse à deux pas du centre d’art, au sein d’une ancienne usine de la vallée.

Le Pont de l’Épée et les passerelles de George Trakas à redécouvrir

George Trakas est un artiste emblématique et précurseur de l’histoire du Creux de l’Enfer. En 1985, il installe de premières passerelles métalliques permettant de déambuler au plus proche de l’eau, puis réalise trois ans plus tard le Pont de l’Épée, une passerelle courbe en inox poli, à l'effet miroir, qui franchit la rivière et passe au-dessus de la chute d’eau.

En 2019, une grande campagne de restauration a été lancée par la Fondation du Patrimoine sous l’impulsion du Creux de l’Enfer, alors que l’oeuvre souffrait des dommages du temps et qu’elle n’était plus praticable. Elle est à nouveau accessible depuis juin 2025, grâce aux dons de particuliers et au soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de la Fondation d’entreprise Crédit Agricole Centre France et de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes.

L'oiseau prend son envol !

En 2024, l’artiste Caroline Mesquita a été invitée par le Creux de l’Enfer à créer une nouvelle sculpture dans le prolongement de ses séries de personnages et animaux constitués de plaques de laiton patinées, durant une résidence avec l'entreprise Jakubowski. Cette œuvre qui prendre place sur le toit-terrasse de l'usine du Creux de l'Enfer est intitulée Le martinet, jouant sur la polysémie du mot: à la fois nom d’oiseau et nom d’un marteau à bascule faisant directement référence au passé industriel de la vallée.

Vladimir Skoda et la lumière

Depuis 2004, la fascination de Vladimir Skoda pour la sphère, omniprésente dans ses sculptures, s’est étendue à la photographie. Il s'intéresse aux jeux lumineux et optiques, ainsi qu'aux déformations permises par ce médium. Dans la vallée des usines de Thiers, il investit l'une des ouvertures d’une ancienne usine abandonnée, en y installant des tôles perforées éclairées par l'arrière. Cette configuration permet l’apparition de groupements de grands hexagones s'apparentant presque à des cercles. Cette installation, réalisée à l'occasion de la réouverture de l'usine du Creux de l'Enfer en juin 2025, n'est pas destinée à perdurer.

Un plan pour découvrir le parcours

Lors de votre visite du Creux de l'Enfer, pensez à vous procurer le plan des oeuvres du parcours EX SITU, en accès libre ! Il vous accompagnera dans la découverte de ce parcours aux plus proche du centre d'art, et vous invitera à découvrir d'autres sculptures dans la ville de Thiers. Ce plan est également disponible en téléchargement en bas de page.